31 Mai 2025 | Actualités

Un moment convivial à Binic avec Bryan Pelé

Cette saison en collaboration avec notre parrain officiel Actual, 5ème acteur sur le marché du travail et de l’emploi en France, nous allons partir à la rencontre d’anciens joueurs du club qui ont effectué une reconversion hors du milieu du football. Pour ce neuvième épisode, nous avons échangé avec Bryan Pelé. L’ancien milieu offensif des Merlus a ouvert son propre restaurant à Binic dans les Côtes d’Armor. Le natif de Guer nous explique les raisons de cette reconversion et revient sur ses onze ans de carrière. Entretien.

 Comment vas-tu et où vis-tu actuellement ?
Ça va très bien, merci. Je suis sur Binic depuis le mois de janvier, dans les Côtes d’Armor. J’ai saisi une opportunité sur un bar, sur le port de Binic, après avoir visité plusieurs commerces. J’arrive dans la pleine saison, donc c’est le top. Je propose des planches apéros, des huîtres, des tartinades et bien évidemment de la boisson. J’ai une capacité de 60 couverts à peu près entre ma terrasse et l’intérieur. Ça se passe plutôt bien depuis l’ouverture. C’est tout nouveau pour moi. Je ne savais pas ce que j’allais faire après ma carrière donc j’ai fait un bilan de compétence avant d’ouvrir mon établissement. J’en suis très content aujourd’hui.

Pourquoi es-tu es parti dans ce domaine ?
C’était une envie spontanée et en même temps, c’est quelque chose que j’aime au cœur d’un endroit où j’aime aller. Et je me suis dit pourquoi pas tenter l’aventure puisque je n’avais rien à perdre. L’opportunité s’est présentée, il ne fallait pas la louper. Et voilà, aujourd’hui je suis ouvert.

Binic, était-ce un lieu que tu fréquentais quand tu étais sur Guingamp ?
Quand j’étais sur Guingamp, je venais de temps en temps sur Binic mais je fréquentais d’autres restaurants que le mien. J’allais me promener à côté mais je n’avais jamais mis les pieds dans cet endroit.

Tu as ouvert au mois de janvier mais à partir de quand cette réflexion a commencé à naître dans ton esprit ?
Dès que j’ai fini ma carrière, l’année dernière. J’ai laissé passer l’été, puis j’ai fait un bilan de compétences. Cela m’a vraiment aidé dans mon choix de me lancer dans l’auto-entrepreneuriat. C’est quelque chose que je ne regrette pas aujourd’hui. J’ai beaucoup de responsabilités parce que tu crées quand même ton entreprise tout en sachant que je n’avais pas d’expérience. Je commence vraiment à bien assimiler les codes de ce type de travail, d’entreprise. C’est tout nouveau, mais c’est à la fois excitant et ça me procure beaucoup de plaisir.

Le bilan de compétence t’a orienté vers quoi du coup ?
Et bien justement vers l’auto-entrepreneuriat. Il m’a démontré que j’en étais capable. Je l’ai fait surtout pour me rassurer. Il m’a conforté dans mon choix. Ce n’est jamais évident de se lancer ainsi, dans une ville que tu ne connais pas, dont tu n’es pas originaire. Il faut être assimilé rapidement, vite s’adapter, vite être vu et connu pour rentrer dans la vie des locaux. Pour ma part, ça s’est plutôt bien passé ici. Les clients ont l’air satisfait, le phénomène de nouveautés plaît beaucoup. A moi maintenant de mettre en place des choses pour que ça perdure.


Avais-tu ressenti des réticences de la part des autres commerçants vu que tu n’étais pas du coin ?
Non, pas forcément. Mais je sais que quand on trouve quelque chose, un nouveau concept, ça ne plaît pas forcément au début. Il y a un peu de concurrence. C’est le jeu. Mon établissement était déjà un bar auparavant, il existait déjà. Je n’ai pas créé quelque chose de nouveau.

Il y a beaucoup de concurrence là où tu es ?
Ce n’est pas vraiment de la concurrence puisque nous n’avons pas le même concept. Je suis tout seul sur le port. Les autres sont vraiment au début du port, plus loin.

T’es-tu fais accompagner ou aider par quelqu’un du milieu sur ces premiers mois ?
Pas du tout, j’ai tout fait seul. Forcément, j’ai pris exemple sur d’autres établissements, j’ai observé ce qui se faisait ailleurs, j’ai demandé des conseils à des gens qui travaillent dans la restauration mais sinon, on ne m’a pas aidé. Les comptables un peu quand même. J’ai voulu vraiment me lancer en offrant une accessibilité aux gens de pouvoir parler et discuter avec un ancien footballeur. C’est ce qui me plaît aussi aujourd’hui dans mon activité.

Justement, qu’est-ce qui te plaît tout particulièrement dans ce nouveau challenge ?
Là où je prends le plus de plaisir, c’est quand on me dit que les plats proposés sont bons. L’ambiance est bonne. Quand je parle avec les gens, ils me trouvent plutôt cool. C’est vraiment le côté naturel, le relationnel qui est vraiment très sympa dans ce milieu. Ça me prend beaucoup d’énergie parce que j’ai des amplitudes horaires qui sont énormes (10h-22h en semaine, 10h-23h le week-end, ouvert 5/7 hors saison, 7/7 en pleine saison). Quand tu es le petit nouveau, il faut se montrer. Les deux premiers mois ont été assez éprouvants en termes d’énergie et d’accessibilité. Maintenant, franchement, c’est vraiment top.

L’esprit convivial, bande de copains, te plaît beaucoup ?
Oui, voilà. C’est vraiment ça, c’est tout un mélange. C’est encore un peu trop tôt pour tirer des conclusions sur quelque chose. Dans tous les métiers, ce qui compte, c’est la régularité. Surtout dans ce domaine-là. Il faut que le client ait toujours envie de venir chez toi. Une fois qu’il est sorti, il faut qu’il revienne.

Qu’apprends-tu au quotidien, que découvres-tu ?
Je découvre tellement de choses en fait. Dans un café, il y beaucoup d’anecdotes. Les clients parlent entre eux, me parlent, certains se confient. J’écoute beaucoup les anciens qui me donnent des conseils. C’est une clientèle qui a besoin d’être rassurée, qui aime bien discuter quand elle vient boire une bière ou un café. C’est un peu tout ça. Il y a des choses négatives aussi, bien sûr, mais je ne prends vraiment que le positif.

Peux-tu nous rappeler ce que tu proposes ?
C’est un bar à huîtres, je propose aussi des planches à partager, fromage, charcuterie, des tartinades de dorade, de Saint-Jacques, de crabe et des tapas de pétoncles et de calamars. Et des vins qui vont bien avec les planches et du blanc qui accompagne les huîtres. C’est ça aussi le concept.

Tu as combien de collaborateurs ?
Hors saison, nous sommes deux, pour la pleine saison qui va arriver, à partir du 15 juin, nous serons trois.

Ton établissement se nomme « Chez Peluche ». Pour quelle raison ?
Il est lié à mon nom de famille. Mes amis et ma famille m’appellent régulièrement “la petite peluche” ou “peluche” tout simplement. Je trouvais ça marrant. J’ai regardé avant de le nommer ainsi et ça n’existait nulle part ailleurs. Ce nom attire la curiosité. A chaque fois que quelqu’un passe devant le bar, on me demande tout le temps la raison de ce nom, c’est sympa. Les gens retiennent du coup.

Avais-tu fait une étude de marché avant d’ouvrir ton établissement ?
Oui, bien sûr. Je ne suis pas parti dans l’inconnu. J’ai voulu sécuriser cela aussi avec le bilan de compétence plus l’étude de marché. Je suis resté quand même deux-trois semaines avant de faire l’offre et de m’engager. Je me suis aussi renseigné auprès des habitants pour voir un peu ce qui se faisait sur Binic.

Quand tu regardes dans le rétro, qu’est-ce que tu retiens de ta carrière ?
J’ai évolué onze ans dans le monde professionnel, donc c’est plutôt une satisfaction. Le regret, c’est qu’à partir de mes 30 ans, j’ai eu pas mal de soucis physiques. Sachant que je suis arrivé très tôt à Lorient, au centre de formation (11 ans et demi), est-ce que cela a joué sur le long terme ? Peut-être. Quand tu t’entraînes cinq jours sur sept, plus le match, depuis l’âge de 12 ans, ton corps te le fait peut-être payer plus tard. Je ne sais pas, ce n’est pas une conclusion. En tout cas, je n’ai pas de regret d’avoir mis fin à ma carrière l’été dernier. Ce que je fais aujourd’hui me plaît énormément. Il faut tourner la page. Je me suis laissé un tout petit peu de temps avant de prendre la décision et vu que je suis quelqu’un qui ne peut pas rester en place, il me fallait trouver une activité tout de suite. L’opportunité est arrivée. Voilà où j’en suis aujourd’hui.


Tu as joué 259 matches professionnels dont 54 de Ligue 1. Est-ce une satisfaction pour toi d’avoir réussi ce parcours ?
Oui, c’est une satisfaction. Je suis sûr que j’aurais pu faire encore plus de matchs de Ligue 1 en persévérant un peu plus et aussi en fonction des événements qui sont arrivés tout au long de ma carrière. Mais oui, c’est une vraie satisfaction. Aujourd’hui, les gens me parlent plus de foot que de mon bar quand ils arrivent. Surtout au début. Ils me disaient : « c’est toi l’ancien footballeur ? ». Ça amène tout de suite une accroche. Et puis c’est plus facile pour le relationnel aussi.

Tu as évolué dans quatre clubs bretons (Lorient, Brest, Guingamp, Concarneau), à Troyes et à Chypre. Retiens-tu du positif de ces expériences ?
Oui, carrément. Dans tous les clubs dans lesquels je suis passé, franchement, je n’ai connu que des bonnes expériences, avec des bons groupes. C’était vraiment top. Le foot reste un monde spécial, car après, il faut passer à autre chose. Certains n’y arrivent pas, mais pour le coup, j’y suis parvenu.

Quel serait pour toi le fait marquant de ta carrière, ton plus beau souvenir ?
Je dirais mon premier match titulaire à domicile avec le FC Lorient. C’était contre Marseille (le 28 septembre 2013, défaite 2-0). J’avais fait un très bon match. Je me souviens que personne ne me connaissait et quand je suis sorti, le public m’avait chaudement applaudi. C’est un moment qui m’a vraiment marqué. Et je dirais également mon passage à Limassol aussi. Jouer les barrages de l’Europa League Conference en Slovénie, en Azerbaïdjan, en Slovaquie, et bien ce sont des choses que je ne pensais jamais vivre. La culture du foot à l’étranger est vraiment exceptionnelle.

Quel souvenir gardes-tu de toutes tes années lorientaises ?
Mon tout premier contrat professionnel, forcément, que j’ai signé avec Christian Gourcuff. Durant toute ma formation, je n’ai connu que l’école Gourcuff et son fameux 4-4-2. Ça m’a beaucoup marqué car il m’a aidé tout au long de ma carrière, dans la rigueur défensive. Et puis Lorient reste un énorme club quand même en France. J’y vais d’ailleurs de temps en temps pour voir des matchs et ça me rappelle que de bons souvenirs.

Suis-tu toujours les performances des Merlus ou de tes autres clubs ?
Oui, je les suis tous. On s’attache à nos différents clubs. Il y a cette façon aussi de garder contact avec des anciens joueurs.

Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
La santé déjà, parce-que c’est un peu pour ça que j’ai arrêté ma carrière. Je continue de faire du sport malgré tout. Et le métier que j’exerce est très, très physique aussi. Sinon, et bien de la réussite dans mon projet, dans cette reconversion. Ce n’est jamais simple d’avoir un après-carrière abouti, il faut avoir des qualités et des compétences.

Partager sur : Facebook | X