10 Déc 2025 | Actualités

Bulent Ucuncu, des terrains de foot à la maîtrise d’œuvre

Cette saison en collaboration avec notre parrain officiel Actual, 5ème acteur sur le marché du travail et de l’emploi en France, nous allons partir à la rencontre d’anciens joueurs du club qui ont effectué une reconversion hors du milieu du football. Pour ce deuxième épisode, nous avons échangé avec Bulent Ucuncu. L’ancien milieu offensif des Merlus s’est lancé dans le milieu de la construction de maisons, près de Quimper. Il nous explique les raisons de cette reconversion et revient sur sa carrière de footballeur. Entretien.

Vous êtes aujourd’hui à la tête d’une entreprise installée à Ergué-Gabéric. Quelle est exactement votre fonction et en quoi consiste votre activité ?
Il y a quelques années, j’ai fondé une entreprise de dessinateurs-métreurs. Nous accompagnons les particuliers dans leurs projets de construction, de la conception des plans jusqu’à la réalisation. En somme, je fais de la maîtrise d’œuvre : je livre des maisons clé en main, entièrement pensées selon les souhaits de mes clients.

Qu’est-ce qui vous séduit dans ce milieu ?
Le contact humain, sans hésiter. J’aime travailler directement avec les clients, dialoguer avec eux, comprendre leurs envies. J’ai aussi une bonne connaissance des artisans et des sous-traitants du secteur. La négociation, qui fait partie intégrante du métier, est un aspect que j’apprécie particulièrement.

Depuis quand exercez-vous ?
J’ai créé l’entreprise en 2020. Depuis, tout va très bien : les demandes sont nombreuses. Mon fils, qui est dessinateur, m’a rejoint. Il conçoit désormais les projets pour nos clients, ce qui est une vraie fierté.

Qu’est-ce qui vous a orienté vers cette voie ?
À vrai dire, c’est venu assez naturellement. Je voyais qu’il y avait du travail dans ce secteur, et je connaissais déjà beaucoup d’artisans locaux. Je me suis dit : “Pourquoi pas moi ?”, et je me suis lancé.

Avant cela, vous travailliez dans le revêtement de sol ?
Oui, je faisais du revêtement de sol. Après ma carrière sportive, j’étais dans une phase où je cherchais ma voie. Je savais que je voulais entreprendre, prendre les rênes de ma propre activité. Le bâtiment offrait cette possibilité.

Avez-vous suivi une formation spécifique ?
Oui, j’ai suivi une formation poussée à l’AFPA. Elle m’a donné les bases nécessaires pour créer mon entreprise dans la foulée.

Le travail manuel vous attirait déjà ?
Pas particulièrement. Ce que je recherchais avant tout, c’était l’autonomie, l’indépendance. Avec une carrière sportive derrière moi, le côté manuel ne me faisait pas peur, mais mon objectif n’était pas d’être derrière un bureau. Je voulais bouger, être acteur de mes journées.

Dans quelle zone travaillez-vous principalement ?
Je reste dans le secteur de Quimper, Concarneau, Bénodet, Pont-l’Abbé… Bannalec est la limite la plus éloignée où je suis allé. Et honnêtement, j’ai largement assez de travail dans ce périmètre.


La concurrence est-elle importante ?
Oui, évidemment. Il y a de grands constructeurs dans la région. Mais je suis une petite structure : je n’ai pas besoin de gérer vingt chantiers par an. Trois ou quatre projets bien menés, ça me suffit. La concurrence existe, mais elle ne me dérange pas.

Travaillez-vous avec des salariés ?
Non, je suis seul à gérer l’entreprise. Je sous-traite avec des artisans, comme le font la plupart des constructeurs. Cela me permet de rester flexible et proche du terrain.

Retrouvez-vous dans ce métier une forme d’esprit collectif qui rappelle celui du football ?
Oui, d’une certaine manière. Quand on sous-traite, il faut connaître ses artisans, comprendre leur façon de travailler, suivre leurs interventions… On avance ensemble. Ce n’est pas le même collectif que dans un vestiaire, mais il y a une dynamique d’équipe.

Étiez-vous un leader sur le terrain ?
Pas vraiment. À Lorient, j’étais entouré de très bons joueurs, j’étais plutôt suiveur. Aujourd’hui, je garde un esprit bienveillant mais je reste clair sur les responsabilités de chacun. L’important, c’est la bonne volonté.

Votre passé de footballeur vous a-t-il servi dans le bâtiment ?
Pas tant par la notoriété, mais par la mentalité : la combativité, la volonté de réussir, la faculté à se surpasser dans les moments clés. Le football m’a formé à ça.

Et combien de temps durent les constructions ?
Il faut compter entre 14 et 16 mois, parfois plus selon les projets. Du permis de construire à la remise des clefs, tout prend du temps, mais c’est ce qui garantit un travail soigné.

Vous êtes arrivé en France en 1983. Pour quelle raison ?
Mes parents sont venus pour le travail. Mon oncle, installé en France, avait insisté pour que la famille les rejoigne. Nous sommes arrivés un peu du jour au lendemain, sans vraiment l’avoir choisi.

Quel a été votre parcours de joueur ?
J’ai commencé à Pont-l’Abbé, puis je suis passé au Stade Brestois, au centre de formation. Après la liquidation du club, je suis revenu à Quimper, puis j’ai rejoint Lorient, où tout a vraiment pris forme.


Avez-vous connu Christian Gourcuff à Pont-l’Abbé ?
Oui, il était entraîneur à l’époque. On se connaissait de nom. Cela a peut-être joué dans mon arrivée à Lorient plus tard.

Vous passez cinq ans à Lorient. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Des souvenirs magnifiques. Même si certaines saisons ont été plus difficiles sportivement, humainement, c’était exceptionnel. On formait un vrai groupe, une bande d’amis plus que des coéquipiers.

Vous vivez notamment la montée en D1… Un moment fort ?
Très. J’ai toujours dit que si j’ai eu une carrière, même modeste, c’est grâce à Christian Gourcuff et au club. Ils m’ont énormément appris et apporté.

Vos plus beaux souvenirs ?
Lorient, sans hésiter. Même si jouer en Turquie devant 80 000 supporters, face à Galatasaray, reste impressionnant. Mais à Lorient, il y avait un esprit unique, presque familial.

Suivez-vous encore le club ?
Oui. Je regarde toujours leurs résultats. Le football français a changé, il est devenu très physique, moins esthétique qu’avant selon moi, mais je reste fidèle aux Merlus.

Pourquoi avoir choisi ensuite la Turquie ?
Parce que je jouais peu la dernière année en D1 et que j’ai reçu de belles propositions. Je ne regrette pas. J’y ai passé sept ans, dans cinq clubs différents. Deux saisons à Istanbulspor ont été particulièrement marquantes. J’ai pu jouer face au Galatasaray de Claudio Taffarel, à Fenerbahçe, au FC Porto de José Mourinho et Deco….

Vous affrontez même Lorient en Coupe de l’UEFA…
Oui, un incroyable clin d’œil du destin. Le stade venait d’être rénové… Revenir là, face à mon ancien club, c’était très émouvant.

Revenez-vous encore au Moustoir ?
Oui, régulièrement. Moins cette année à cause du travail et des blessures de mes enfants, mais j’y vais dès que possible.

Continuez-vous de jouer au foot ?
Oui, le dimanche matin avec le Cap Horn. À 51 ans, le dos et les chevilles se rappellent parfois à moi, mais jouer me fait un bien fou. Courir seul, très peu pour moi : j’ai besoin du collectif.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
Que tout continue sereinement : la santé pour mes enfants, de la stabilité dans le travail. Et pour Lorient, je souhaite qu’ils se maintiennent au plus vite. J’ai toujours leur maillot, je le garde précieusement.

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