3 Fév | Actualités

Christophe Le Grix, libre comme l’air

A l’occasion de la rencontre FC Metz – FC Lorient de ce week-end, nous avons souhaité prendre des nouvelles d’un ancien joueur des deux clubs. A savoir Christophe Le Grix. Le milieu de terrain, passé par Lorient en 1997-1998 puis de janvier 1999 à 2000, et au FC Metz entre ces deux périodes, nous parle de son activité professionnelle, celle de revendeur en fruits et légumes.

Christophe, quelles sont vos occupations aujourd’hui ?
Je suis à mon compte dans les fruits et légumes. Je fais mes tournées dans les montagnes en Hautes Pyrénées. Je pars pour 3-4 jours avec mon camion et je visite des clients habituels, tous les deux mois. Je passe dans toutes les vallées des Hautes Pyrénées. Quand le camion est vide, je rentre le jeudi après-midi. Ça fait maintenant douze ans que j’exerce dans ce domaine. En général, j’ai des clients qui ont des gîtes ou des chambres d’hôtes, je joins l’utile à l’agréable : ils me prennent ma marchandise et je reste dormir chez eux.

Vous avez donc une exploitation maraîchère ?
Pas du tout, je suis juste revendeur. Je ne suis pas dans la production. J’essaye de travailler avec des producteurs locaux du pays basque au maximum. Quand je vends des clémentines ou des oranges, qui ne sont pas de France, je vais les acheter au Portugal par exemple.

Pourquoi avoir fait ce choix ?
C’est un métier que j’ai connu, à la base, avec des amis de Caen et des gens du voyage. Ça m’avait plu. Je m’étais dit que le jour où j’arrêterai le foot, je me lancerai dans cette activité. Je ne me voyais pas travailler pour quelqu’un, ni dans le foot. Ça ne m’intéressait pas du tout. Le milieu ne me bottait pas.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce milieu ?
C’est la liberté de partir pendant 3-4 jours, de découvrir et de rencontrer du monde. Pendant douze ans, j’ai fait du porte-à-porte pour avoir ma clientèle. Il faut être costaud pour le faire durant 10-12 heures par jour. Il ne fallait pas lâcher le morceau. Je n’en fais quasiment plus aujourd’hui. J’ai un rapport aux contacts humains très forts et ça me plait beaucoup. Ça me permet de partir plusieurs jours de la maison. Avec ma femme, nous avons notre rythme. Le jeudi après-midi, je suis content de rentrer à la maison. L’été, je ne travaille quasiment qu’autour de chez moi, et je rentre tous les soirs. Ça me plait moins car j’aurais tendance à me brouiller plus régulièrement avec ma femme (rires).

Le côté indépendant et de vivre votre vie pleinement vous convient…
Oui, exactement. Je n’aurais pas pu avoir un patron au-dessus de moi, ça n’aurait pas été possible. En plus côté affectif. Je marchais déjà à l’affect durant ma carrière. Quand ça n’allait pas avec l’entraîneur et qu’humainement ça ne collait pas, l’histoire était morte d’avance. J’ai besoin des rapports humains.

Pourquoi vous êtes-vous rendu dans les Pyrénées pour exercer cette fonction ?
Les villages de hautes montagnes n’ont pas les mêmes rythmes d’approvisionnement que les grandes villes. C’est du donnant donnant. J’aurais pu faire cela dans une autre région, sans problème. L’idée de m’implanter en Bretagne ne m’a pas traversé l’esprit. Les gens de la montagne ont des caractères qui me correspondent. Je me suis installé là-bas par rapport à un ancien coéquipier à Troyes qui vit dans cette région. Pendant mes vacances de footballeur, je venais toujours chez lui, à Biarritz. Je m’étais dit qu’après ma carrière, je viendrais vivre ici. Ça me plaisait beaucoup.

Comment sont rythmées les semaines de Christophe Le Grix ?
Je pars le lundi matin et je rentre le jeudi après-midi. Ensuite, j’ai tout mon week-end tranquille pour aider ma femme. Nous sommes une famille d’accueil pour personnes âgées. On a une grande maison et on a quatre personnes âgées chez nous dans des pièces indépendantes. Une partie de la maison est réservée pour elles. Ma femme s’en occupe tous les jours : elle fait les repas, les toilettes. Quand je rentre, je lui donne un coup de main car j’aime bien faire à manger.

A partir de quand avez-vous fait une croix sur le football ? Et pourquoi ?
Je le savais déjà durant ma carrière. Ce n’était pas du tout pour moi. Je n’ai même pas songé à passer les diplômes. A la limite, je m’étais dit pourquoi ne pas aider un ami entraîneur qui est dans la difficulté/ Mais seulement pendant un mois ou deux sur un aspect commando et relationnel pour r  rebooster les joueurs. Ça aurait pu me plaire mais sur une courte durée, pour dépanner. Un one-shot.

Vous faites deux passages à Lorient (1997-1998 puis janvier 1999 à juin 2000) entrecoupés par six mois à Metz. Que s’est-il passé en Moselle pour que vous reveniez aussi rapidement au FC Lorient ?
L’aspect humain est entré en compte, forcément. Je pensais vraiment que ça allait le faire quand j’y suis arrivé. J’avais eu un très bon rapport avec Joël Muller, l’entraîneur de l’époque. Je me suis dit que j’allais m’éclater. Et une fois aux entraînements, je n’ai pas du tout retrouvé le même personnage et la gestion du groupe ne me convenait pas du tout. Je suis tombé des nus.

C’était l’année de la Ligue des Champions en plus (1998-1999)…
Oui, c’est ça. On avait fait les barrages à Helsinki. L’opportunité de jouer la Coupe d’Europe était superbe. On m’avait dit que le mois de préparation avant la compétition était le plus important au FC Metz. C’était très dur, notamment avec Albert Cartier qui était adjoint à l’époque. Lui c’était « Rambo » (rires). Si j’arrivais à passer toute la préparation, en étant assidu, c’était bon. Je n’avais rien loupé et pensais être dans le wagon. Je suis titulaire sur les matches amicaux et lors du premier match de championnat, ils me mettent sur le côté…Quand on me la met à l’envers, c’est compliqué de me rattraper ensuite.

La possibilité de revenir à Lorient s’est présentée…
A Metz, j’avais toujours Christian (Gourcuff) au téléphone. Et à Lorient, ça ne se passait pas très bien pour eux aussi. Je pense que je l’avais au moins une fois par mois. Je sentais qu’il voulait que je revienne et moi aussi pour le coup. J’ai fait des sacrifices financiers pour revenir en janvier au FCL.

Que retenez-vous de vos années lorientaises ?
Que du bon ! Mes meilleures années de foot, sur mes neuf ans de carrière, se sont passées à Lorient et à Saint-Brieuc. Je me suis régalé humainement qu’avec des bonnes personnes. Je suis toujours en contact avec certaines d’entres elles d’ailleurs. Le début de ma carrière était top. Par la suite, on rentrait davantage dans des milieux professionnels et ça me convenait beaucoup moins. Quand c’est chacun pour sa pomme, ça me déplait, même si c’est un sport collectif. A Troyes, Saint-Brieuc et Lorient, c’était génial. D’ailleurs, j’arrive à Lorient en même temps que Robert Malm et Loïc Druon, que j’ai encore aujourd’hui.

Et de votre carrière de manière générale ?
J’aurais pu faire beaucoup mieux mais fier de ce que j’ai réalisé. Ce n’est pas donné à tout le monde d’accéder à tout ça. Si j’avais été plus sérieux, j’aurais été plus fort. J’ai vécu des expériences géniales, je n’ai pas de regrets.

Nous avons vu que vous aviez des amis voyageurs sur Kervignac et Baud. Comment expliquez-vous cela ?
Je ne suis pas du tout issu de ce milieu-là. J’avais fait leur connaissance quand je jouais à Lorient. De base, je connaissais déjà beaucoup de voyageurs quand j’étais à Caen. A Lorient, j’ai eu la chance de tomber sur une belle et grande famille, des gens bien avec des qualités humaines, des travailleurs. Je les apprécie énormément. Quand j’ai arrêté le foot, j’ai quasiment vécu un an avec eux. Nous sommes toujours en contact, ils font partie de ma famille.  

Suivez-vous toujours attentivement les résultats de vos anciens clubs ?
Oui, bien sûr. Je suis Caen, Troyes, Lorient et Saint-Brieuc. Je regarde tout le temps. Mais je pense que ça ne doit plus être la même mentalité qu’à notre époque. Je ne pense que je m’y plairais mais je parle sans savoir.

Pourquoi Le Grix s’écrit avec un « X » ?
Je ne peux vous le dire (rires). Il doit y avoir des connotations bretonnes puisqu’il s’écrit en deux mots en plus. Mais il n’y a pas eu d’erreur administrative en mairie. Toute ma famille est de Normandie, de Caen. Donc je ne sais pas.

Que pouvons-nous souhaiter à Christophe Le Grix en ce début d’année ?
La santé est primordiale. C’est quand on ne l’a plus qu’on se rend compte qu’elle est la plus importante. C’est bête à dire mais c’est la vérité. Il faut en profiter. Tout le monde a des soucis mais rien ne remplace la santé.

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