5 Déc | Actualités

Fabien Audard : « Une part de fierté »

Fabien, comment as-tu abordé cette dernière semaine ?
Tranquillement. Comme les autres semaines, sans rien de particulier. Je me suis dit en début de semaine que c’était la dernière de ma carrière. Elle s’est bien passée. Ça fait un moment que je suis préparé à cette dernière semaine. Je savais que j’allais prendre ma retraite sportive à la fin de la saison. Ça ne change pas grand-chose. Mes coéquipiers n’ont pas non plus changé de comportement avec moi. Je vais peut-être connaître quelques vannes d’ici samedi soir, mais pour l’instant, c’est calme. Ils sont aussi préparés à ce que j’arrête samedi.

Comment prépares-tu ce dernier match ?
Je ne sais pas. Je ne l’ai pas vraiment préparé. Ce n’est pas quelque chose que je maîtrise forcément. Je n’ai pas envie de m’imaginer quoi que ce soit. Je veux que ça se passe de manière naturelle en toute spontanéité.

Y a-t-il une certaine appréhension ?
Non, pas forcément. Je ne vais pas me mettre de pression sur un match où le club est déjà maintenu. Si je mets la pression sur les cinq dernières minutes de ma carrière, ce serait dommage. Même si on a toujours envie de faire les choses comme il le faut. Ce sera plus du plaisir que de la pression. Sinon, je me trompe d’évènement. Il faut que ça reste du plaisir.

Et prendre un but sur ces dernières minutes…
Après ça peut arriver mais comme je l’ai dit, je n’imagine rien. Je ne me dis pas non plus que je vais sortir un arrêt. Le but est que ça fasse plaisir à tout le monde, que ça me fasse plaisir. Il faut que tout le monde y trouve un intérêt et un plaisir là-dedans.

Quel bilan tires-tu de ta carrière ?
Il y a quand même une part de fierté. Je suis content. J’ai fait mon début de carrière à Toulouse où je m’y suis formé et appris beaucoup des choses. Mon passage à Toulouse reste un bon souvenir. J’y ai également débuté ma carrière. Ensuite, il y a eu ces treize ans ici, à Lorient, où forcément les choses ont pris une autre ampleur. Je me suis gentiment imprégné du club, de ses identités et de la ville. Je suis très heureux de ça. Grâce au FCL, j’ai évolué pendant treize ans au plus haut niveau en faisant quasiment trente matches par saison. Ça prouve une certaine régularité. J’en suis assez fier.

Te souviens-tu de ton premier jour au FC Lorient ?
Oui, bien sûr. Je me souviens surtout d’une personne : Ramon Ramirez. C’est lui qui était venu me chercher le jour de mon arrivée. C’est un ancien joueur du club qui a marqué l’histoire du FCL. En y repensant, c’était un joli moment. C’est la première personne que j’ai connu à Lorient. C’est quelqu’un d’extraordinaire.

As-tu évolué personnellement depuis ton arrivée au FCL…
Oui, forcément. Je suis arrivé sur la pointe des pieds au FC Lorient. Personne ne me connaissait. J’arrivais de nulle part et je voulais faire mon petit bonhomme de chemin ici. Il y avait Stéphane Le Garrec d’installé déjà ici. C’était une figure du club. Je n’en menais pas large. Je n’ai jamais fait le fanfaron ni le fier. Je suis fier d’être là et d’avoir accompli ce que j’ai fait. 

Te souviens-tu de ton premier match professionnel ?
Oui, c’était à Marseille avec Toulouse. J’étais tout jeune. J’étais entré en jeu. C’était la grande époque de Marseille où elle dominait le championnat. Il y avait de grands joueurs déjà. C’était un autre calibre. Un très bon moment.

Quel est ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir restera bien sûr mes treize années ici. C’est une évidence. Mais si je devais n’en retenir qu’un, je dirais surtout la montée en Ligue 1. C’est un grand moment du club, de ma carrière. C’était un instant de communion avec les supporters. Nous avions pris énormément de plaisir tout au long de la saison. Nous n’étions pas forcément attendus. Tout s’était passé à merveille. Il y avait un groupe super sympa et la montée se joue sur le dernier match au Moustoir. C’est un grand moment.

Quel est ton pire souvenir ?
Toutes les défaites ne sont pas de bons souvenirs. Franchement, je n’ai pas de mauvais souvenirs à Lorient. Les défaites mais c’est du spontané et sur du cours terme.

Quel est ton plus bel arrêt ?
J’espère que ce sera l’arrêt de ma carrière (rires). J’espère qu’il y en a eu plaisir. J’ai une mémoire très sélective et je ne me souviens pas forcément d’un arrêt en particulier.

Aurais-tu aimé marquer un but dans ta carrière ?
Non, pas spécialement. J’aurais aimé ne pas en encaisser mais ça c’était impossible. Je n’étais pas spécialement quelqu’un qui était fait pour les lumières. Je préférais faire mon travail dans mon coin.

Avais-tu un objet fétiche, un grigri que tu avais avec un toi les jours de match ?
Non. Je l’ai été à un moment mais je me suis vite rendu compte que ça ne servait à rien. Je continuais à encaisser des buts. Du coup, j’ai arrêté.

Un attaquant t-a-il marqué plus qu’un autre ?
Il y en a eu plein. En quinze ans de carrière, j’en ai vu passer. Des bons, des moins bons…Je me retrouve plus dans les attaquants d’il y a quatre, cinq ans. Mais en ressortir un seul, je ne pourrai pas.

Que peux-tu dire sur l’évolution du rôle de gardien sur ces quinze dernières années ?
Il faudrait des heures pour évoquer l’évolution de ce poste. Il a vraiment évolué. Avant, on ne jouait qu’avec nos mains. La grosse modification c’est que le jeu au pied a pris beaucoup plus d’ampleur. Il faut être aussi doué du pied que des mains. Celui qui va dans les buts, ce n’est plus celui qui ne sait pas jouer au pied. Pour un jeune joueur, c’est devenu un choix de carrière maintenant. J’ai commencé ma carrière quand on pouvait encore prendre le ballon avec les mains sur une passe en retrait. C’est pour dire…

Si, sur toutes tes années lorientaises, tu devais évoquer un coéquipier, lequel serait-ce ? Pour quelles raisons ?
Une rencontre professionnelle, ce serait Christian Gourcuff. Car ce qu’il a fait au FC Lorient, cest sans commune mesure. C’est quelqu’un d’important dans ce qu’il a véhiculé pour le club. Sur le travail effectué ici, c’est la personne qui se différencie plus. Humainement, je parlerais de Benjamin Genton et de Ramon Ramirez…Ce sont des gens importants.

Peut-on parler de mariage parfait entre le FCL et toi ?
Oui, forcément. Quand tu te lies avec quelqu’un pendant au moins treize ans, c’est qu’il s’est passé quelque chose de fort entre les deux.

L’arrêt de carrière ne va pas être trop dur à avaler ?
Je m’y suis préparé. Ça fait un an que je sais que ça va se terminer. J’essaye de préparer mon futur. Quand les choses sont préparées des deux côtés, c’est plus facile de tourner la page. Ce sera sans doute difficile à vivre et un moment particulier. J’arrive à 37 ans. Je vais changer de vie et de routine. Venir tous les jours à l’entraînement pendant 18 ans, c’était très beau. Le matin quand je vais me lever et ne pas savoir ce que je vais faire, ça va être particulier. J’y suis préparé.

Tu as joué 228 matches en Ligue 1 avec le club soit le joueur le plus capé du club. As-tu un match de référence en tête ?
Comme pour les buts ou pour les attaquants. Ce que je dois garder ce sont ces 228 matches en Ligue 1 avec un seul club. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de joueurs à avoir fait autant de matches avec un seul club. Ma fierté est là. Mon plaisir c’est d’avoir fait tout ça. Ce que je préfère retenir, c’est un ensemble.

Tu as toujours eu une relation particulière avec les supporters lorientais. As-tu un message à leur adresser ?
Ma relation avec eux a toujours été très naturelle et spontanée. Je ne me suis jamais forcé à faire certaines choses. Je n’ai jamais été le premier à aller vers eux. Je respecte ce qu’ils font. Ils ont beaucoup de courage de le faire. Le côté média, people, notoriété n’a jamais été un monde dans lequel j’étais à l’aise. Ce ne me plaisait pas forcément. A Lorient, ici, les gens sont plus discrets et moins intrusifs. On m’a laissé tranquille. C’était ce que j’appréciais chez eux. Je donnais ce que j’avais à donner. C’était naturel.

Parmi les jeunes gardiens du moment, lequel te plait le plus ?
Il y en a plein. J’ai besoin de les voir sur plusieurs saisons et non sur une seule. Faire une bonne saison, ce n’est pas très compliqué. En faire, cinq ou six, au haut niveau, sans faire de boulette, ça l’est beaucoup plus. Les juger sur une saison, c’est dur. Un gardien comme Mandanda, ça fait longtemps qu’il est au haut niveau, qu’il est bon et régulier. J’adorais Ospina (ancien gardien de Nice, aujourd’hui à Arsenal). C’est un très bon gardien qui a de grosses qualités au pied. Il est aussi irréprochable avec les mains. S’il y en a à retenir, ce serait lui. Là, on est sur du haut niveau.

Est-ce le bon moment pour prendre ta retraite ? Comment as-tu vécu cette dernière année ?
Oui, je pense. Je n’ai pas de regrets. J’y ai pris ce que j’avais à prendre. C’était voir autre chose. Appréhender le métier d’une autre manière avec beaucoup moins de pression tout en étant plus tranquille. Quand j’ai resigné la saison dernière, je savais que ça allait arriver. C’est spontané, c’est naturel. C’est le bon moment. L’an dernier, j’ai accepté rapidement ce rôle de 3ème gardien. Mais aujourd’hui, j’ai envie d’arrêter. Je suis fatigué mentalement, physiquement, les efforts sont durs à faire. 

Que retiendrais-tu de tes années lorientaises ?
L’année de la montée. C’était une belle saison. C’est une globalité. Ce qui s’est passé à Lorient c’est particulier. Il y a eu une osmose entre le club et moi. J’y ai pris du plaisir. C’est ça ma plus grosse fierté. Mais je me rappelle très peu des rencontres. Je suis surtout très content d’avoir connu de belles personnes. J’ai fait de belles rencontres. Benjamin Genton me vient tout de suite à l’esprit. C’est quelqu’un d’extraordinaire. Je suis très content de l’avoir revu sur cette dernière année. Ça m’a aidé à passer une bonne année.

Comment envisages-tu l’avenir ?
Je suis impatient que ça arrive pour différentes raisons. Hâte de voir ce qu’il va se passer dans ma vie d’homme, de père… Je suis impatient de retourner dans l’anonymat et dans les choses simples de la vie. Je suis un homme lambda. Avant, ma vie était très publique.

Que pouvons-nous te souhaiter ?
Que ça se passe bien tout simplement. J’ai connu beaucoup d’émotions dans le foot, des très bonnes et des mauvaises. Le football est comme ça. C’est multiplié par dix. Les choses sont fortes. Je veux faire des choses linéaires et posées, calmes. Etre épanoui dans ce que je ferai et trouver quelque chose qui me plaise.

As-tu hâte à demain soir ?
Oui, clairement. Impatient que ça arrive et que ça se termine bien.

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