13 Jan | Actualités

Jonathan Delaplace, une vocation bien ancrée

A l’occasion de la rencontre Lille LOSC – FC Lorient de ce week-end, nous avons souhaité prendre des nouvelles d’un ancien joueur des deux clubs. A savoir Jonathan Delaplace. Le milieu de terrain, passé par Lille de 2013 à 2015 et par Lorient de 2018 à 2021, nous parle de son activité professionnelle, celle d’infirmier.

Quelles sont tes occupations aujourd’hui ?
Elles sont assez simples : avant tout la famille et les enfants. Les enfants prennent du temps. Aujourd’hui, je profite d’eux, je peux les amener au sport ou à l’école quand je suis disponible. Et puis j’ai ma nouvelle activité professionnelle d’infirmier aussi, qui me prend pas mal de temps quand même. Sinon, j’aime bien aller courir tout seul, faire quelques petits trails dans la région. J’ai fait celui de la Ria d’Etel l’an passé. Je compte en faire un peu plus. Je débute et je prends du plaisir à le faire.

Tu ressens le besoin de conserver une activité physique…
Oui, d’aller me dépenser. L’avantage du trail, c’est que je ne suis pas dépendant d’horaires fixes ou d’un club. Je peux y aller quand je le souhaite. La région Bretagne s’y prête parfaitement, il y a de très beaux coins. J’en profite.

Était-ce une évidence pour toi de retrouver le monde infirmier à l’issue de ta carrière ?
Non, pas une évidence. Au début, je m’étais dit que je n’allais pas reprendre dans ce milieu. La première année, après le foot, a été difficile. Le fait d’arrêter a été compliqué à vivre. Je n’avais plus le quotidien d’un sportif de haut niveau. Il a fallu que je me pose la question de ce que je voulais faire vraiment. Après pas mal de réflexion, je suis reparti vers mon métier d’origine, infirmier. J’ai fait un stage de remise à niveau d’une part, pour me reformer, et d’autre part voir si cela me plaisait toujours autant. Quand j’y suis retourné, ça ma plu et j’ai pu enchaîner par une formation à la clinique mutualiste de Lorient. J’ai été pris en CDD au mois. Je suis très content.

As-tu pensé à une autre reconversion durant ta carrière ?
J’ai vraiment réfléchi à ce que je voulais faire. Honnêtement, c’était dur de retrouver une fonction qui pouvait m’apporter autant d’adrénaline que dans le foot. Je savais pertinemment que ça allait compliqué. Dans le monde infirmier, ce que j’apprécie, c’est le côté humain et relationnel avec les patients. Soigner me plait beaucoup, notamment sur les aspects techniques. C’est pour cela que je suis reparti dans cette voie.

Quand tu parles de technique, de quoi parles-tu précisément ?
Ce sont tous les soins que l’on peut faire à savoir les perfusions, les prises de sang, les pansements…

Retrouves-tu une certaine adrénaline en tant qu’infirmier que tu pouvais connaître en tant que footballeur ?
L’adrénaline que j’ai connu au niveau sportif, je ne la retrouverai plus. Maintenant, c’est la satisfaction de s’occuper de personnes qui en ont besoin et de connaître les parcours de vie des patients. Ce n’est pas toujours facile de prendre le temps de communiquer car il y a beaucoup de travail, beaucoup de patients. On n’y arrive pas tous les jours mais on le fait du mieux possible. Il y a des jours où l’on a plus de temps pour le faire et c’est très intéressant de connaître leur parcours de vie. C’est ce côté-là qui me plait, en plus du fait de leur apporter des soins.

Quelles sont les qualités requises ?
C’est assez compliqué à dire car on peut voir qu’il y a des infirmiers qui vont être davantage dans le technique que dans le relationnel. Cela va moins leur plaire. Certains vont faire les soins et repartir directement. D’autres préfèrent passer du temps avec les patients tout en gérant leur timing car ils doivent s’occuper d’autres personnes dans la foulée. C’est un équilibre à trouver.

L’aide, la relation, la proximité avec le patient sont des choses qui te parlent tout particulièrement ?
Le côté relationnel a toujours été primordial pour moi, même dans le foot. Si dans un club, je ne me sentais pas bien avec les joueurs, le coach, cela se ressentait sur mes performances. Si je ne suis pas bien entouré, si je ne me sens pas bien, je ne performe pas. J’ai fait des choix sportifs par rapport à ça. Aujourd’hui, l’aide à la personne me plait beaucoup, être et se rendre utile.

Tu as besoin d’affect et de confiance…
Oui, exactement. De respect mutuel et de confiance. A partir du moment où il y a ces deux aspects, cela me suffit, c’est l’essentiel.

As-tu retrouvé également un certain esprit d’équipe ?
Oui, bien sûr. La chance que j’aie aujourd’hui, c’est qu’il y a une très bonne ambiance dans mon service. Que ce soit entre les infirmiers, les aides-soignants, les ASH (agents des services hospitaliers) et notre cadre. Il y a pas mal de communication, ça se passe bien. C’est très important. Si avec l’équipe, cela ne se serait pas bien passé, je n’aurais pas pu rester là-bas. Aujourd’hui, je suis très heureux d’être là où je suis.

Pouvons-nous faire un parallèle avec un vestiaire ?
Si ça ne se passe bien, cela peut affecter la qualité des soins sur les patients ou le moral des soignants. C’est un cercle, tout est lié. C’est important d’être bien entouré au travail et d’y être épanoui. Ainsi, tu donnes le meilleur de toi au quotidien.

Est-ce que le fait de bien connaître votre corps, en tant que footballeur professionnel, t’aide dans tes fonctions d’aujourd’hui ?
Ça n’a vraiment rien à voir. C’est très différent. On est confronté à de la maladie. En chirurgie orthopédique, je suis en contact avec beaucoup de personnes âgées qui ont des usures au niveau des articulations, d’où la présence de prothèses. En tant que footballeur, on pouvait retrouver nos facultés physiques alors que là on leur apporte un confort pour qu’elles puissent poursuivre leurs activités quotidiennes.

As-tu appris des choses sur toi ?
Non, pas particulièrement. Mais quand tu te sens inutile par rapport à certaines situations, c’est dur. Quand tu ne peux pas ou plus aider la personne en face, ce n’est pas simple. A par les soins pour alléger sa souffrance, tu ne peux rien faire. Tu ne peux pas leur dire et c’est frustrant. Il y a des cas plus compliqués à gérer que d’autres. On reçoit tout type de patients notamment des personnes qui sont en fin de vie. Ce sont des moments compliqués. On ne le montre pas mais ça nous affecte forcément. C’est le côté difficile à gérer. Après, ça fait partie de la vie. On se doit de les accompagner au mieux. On apprend à gérer cela avec l’expérience. On ne peut pas tout prendre à cœur à 100% sinon cela affecte notre vie personnelle. On se doit de prendre de la distance, faire notre travail du mieux possible, leur apporter du réconfort et les soulager au maximum.

As-tu une spécialité ?
Je suis à 80% du temps en chirurgie orthopédique et rachis. C’est tout ce qui est attrait aux prothèses de hanche, de genou, de cheville et tout ce qui concerne le dos, les hernies discales… Comme je suis en CDD, cela m’arrive de dépanner aussi dans d’autres services comme en chirurgie vasculaire, neurologie, digestive… C’est très intéressant car le fonctionnement, les équipes et les soins sont différents. Donc on apprend beaucoup. Dans chaque service, les protocoles et les accompagnements diffèrent. On n’a pas la même approche. Tu te remets tout le temps en question et tu apprends.

Peux-tu être en lien avec les urgences ?
Oui, ça peut arriver. Quelqu’un qui se blesse au sport, une personne âgée qui tombe dans les escaliers… Il suffit que ces personnes ne peuvent pas être prises en charge au Scorff, elles viennent chez nous, se font opérer et je les récupère en post opération.

Travailles-tu de nuit ?
Non. On me l’a proposé mais je ne veux pas par rapport à mon rythme. Tu es trop déconnecté pour le reste de la journée. Je ne veux pas être en décalage avec la famille. Et la nuit tu n’as quasiment pas de soin. Tu fais du contrôle. S’il y a des problèmes de perfusion, tu reperfuses mais c’est un autre rythme. Mais ça peut être intéressant. Ils ont tendance à plus s’aider entre service vu qu’il y a un peu moins de travail. Si un service est plus chargé qu’un autre, les infirmiers peuvent venir donner un coup de main. Il y a une bonne cohésion.

Peux-tu nous décrire une journée type de Jonathan Delaplace aujourd’hui ?
Sur une journée de 12h classique, j’arrive le matin à 7h15. On prend les transmissions des collègues de nuit pour savoir ce que l’on doit exercer sur les patients dans la journée. A 7h45, on attaque notre tour : on donne les médicaments, on prend les constantes (tension, température…), les chirurgiens font leur visite et donne les consignes pour la journée, ce qu’il faut faire, s’il y a des sorties. Cela se fait entre 9h et 10h. Ensuite, on se prend une pause-café. On réattaque pour les pansements, l’ablation de redons, des agrafes si besoin. On prépare les médicaments du lendemain, les sorties, les entrées, l’administratif. Tout dépend de la charge de travail. On déjeune, on fait un second tour, les constantes…Comme je suis en orthopédie, je peux avoir des retours de bloc. Ça peut aller de 2-3 opérations par jour à 12.

Te fixes-tu des objectifs professionnels ?
Mon premier objectif était de me sentir à l’aise dans ce service. Aujourd’hui, c’est le cas. J’ai bien pris mes marques. Je veux continuer à évoluer et à progresser dans mes soins techniques, notamment dans d’autres services. C’est pour ça que j’aime bien varier les services. Je vois d’autres soins que je n’ai jamais fait. Les infirmières me les montrent, c’est comme ça qu’on apprend. Mon objectif est de continuer à progresser et à avoir des connaissances en soins techniques. D’être plus performant.

D’un point de vue salarial, comment as-tu appréhendé ce changement ?
C’était quelque chose de naturel. J’ai été professionnel à 24 ans et j’avais fait des études auparavant. L’été, j’allais travailler pour me faire de l’argent. Je savais ce que c’était de faire un 35h et de gagner 1200€. En amateur, j’ai touché des salaires de 600 ou 1000€. Quand j’ai commencé en pro, je savais que les sommes que je touchais n’était pas la vie de “monsieur et madame tout le monde” et que ça n’allait pas durer.

Pourquoi as-tu décidé de t’installer sur Lorient à l’issue de ta carrière ?
Avec ma femme, on trouve qu’il y a une qualité de vie très agréable. C’est une belle région, on a la côte, la campagne et il n’y a pas trop de monde. Le temps me convient parfaitement. Je trouve que nous sommes dans un environnement sain pour les enfants, c’est parfait. Je ne dis pas que je resterai toute ma vie mais il n’y a aucune raison de bouger aujourd’hui. J’ai beaucoup bougé par le passé donc je n’ai pas d’attache particulière. Si un jour, il faut aller à l’étranger ou sur une île, si un projet me tente, je le ferai. A voir.

Tu avais décidé de t’engager à l’US Montagnarde la saison dernière. Comment cela s’est passé ?
Ce qui m’a plu c’était de retrouver ce milieu amateur que j’ai pu connaître au début de ma carrière. Sur le plan humain, ça a été de belles rencontres avec de superbes personnes. Cette ambiance au stade ou dans les vestiaires m’a beaucoup plu. J’en garde une très bonne expérience malgré la descente l’année dernière.

Que pouvons-nous souhaiter à la famille Delaplace en ce début d’année ?
D’être heureux et d’avoir la santé !

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