Arrivé cet été en provenance de l’ES Troyes AC, Julien Meilhac a pris en charge le groupe U17 du FCL. Après trois mois chez les Merlus, il tire un premier bilan de cette nouvelle expérience.
Quel bilan tires-tu de tes trois premiers mois au FC Lorient ?
C’est très positif. Au début, tu arrives toujours sur la pointe des pieds. Tout le monde a été très ouvert dans l’échange et les discussions. Le fait de faire la préparation avec Didier Demeuré, Philippe Pinson et Thierry Guillou m’a permis d’accélérer la connaissance à la fois de mes collègues mais aussi celle du groupe d’entraînement. Pour la plupart, ils avaient déjà vécu avec les joueurs en présence. C’est toujours riche d’enseignements. En tout cas, ce sont vraiment trois mois de plaisir.
Ton intégration avec le staff et les joueurs s’est bien passée donc…
Oui, bien sûr. Les jeunes se ressemblent quasiment tous dans les Centres de Formation même si ici ils ont une autonomie et une capacité d’écoute plus élevées que ceux que j’ai pu connaître. Ils ont un intérêt pour leur sport plus développé. Avec les collègues, ce sont des échanges permanents. Les temps de réunion sont enrichissants. Je ne regrette pas mon choix.
Tu t’es vite adapté et imprégné de la philosophie du club ?
Oui, bien sûr. En arrivant, j’ai pu faire une semaine avec le groupe professionnel. C’était quelque chose de très appréciable. Ici, on sent que l’on est un même club et c’est plutôt intéressant. La semaine que j’avais passée était vraiment riche d’échanges. J’avais vraiment l’impression de faire partie du club depuis un moment. Il n’y avait pas de sujets tabous ni de mise à l’écart. Avec le staff du centre, tout se passe bien aussi. Régis Le Bris est quelqu’un de très pointu et qui te fait partager son savoir. Il souhaite que tu apportes ta pierre à l’édifice. C’était ce que j’espérais et c’est ce que je vis au quotidien.
C’était vraiment ce que tu étais venu chercher en venant à Lorient…
Oui, tout à fait. Je souhaitais trouver un club où il y avait un cadre et une réflexion sur ce que sera le footballeur de demain.Nous sommes en plein dans cette réflexion. Il y aura peut-être des erreurs et des réajustements à faire. On se pose des questions et c’est ce qui fait avancer. Nous ne sommes pas sur un modèle établi que l’on applique sans forcément chercher à réfléchir.
Avec ton groupe U17, apportes-tu du coup ta « patte » ?
Oui, bien sûr. Chaque éducateur a sa sensibilité et son discours. Je m’appuie beaucoup sur la connaissance de l’individu pour ensuite aller vers le footballeur. Il y a un cadre qui t’ai donné et après tu as une totale liberté d’action dans ce que tu veux mettre en place au quotidien.
Tu as récupéré des U17 de la saison dernière. Pour eux, le mode de fonctionnement a-t-il changé ?
Il a un peu évolué. L’an passé, Régis Le Bris et Erwan Le Postec étaient tous les deux sur ce groupe. Cette année, je suis plutôt seul même si Erwan intervient parfois sur la partie athlétique. Je travaille aussi avec Arnaud Le Lan quand nous décloisonnons les séances. Il y a aussi Philippe qui suit de près les U16.
Ce changement passe pour le moment plus ou moins inaperçu. Après six journées, vous avez remporté cinq matches et fait un match nul. D’un point de vue comptable, le bilan est plutôt positif…
Oui mais ce n’est pas du tout l’objectif. On joue avec beaucoup de jeunes, un minimum de cinq première année titulaires de façon régulière. C’est une volonté. Le niveau U17 National, pour des premières années, est très riche. On essaye de faire comprendre à nos U17 que le championnat U17 ne doit plus être leur priorité. Ils doivent aller vers la DSR voire la CFA pour les meilleurs. On est en train de restructurer le parcours de compétition. Un U17, son objectif n’est pas de briller en U17 National. Il doit vite comprendre que ce qui a du sens pour lui c’est le monde séniors et le football adulte.
D’un point de vue « jeu », ce que tes jeunes proposent rentre dans tes attentes ?
Il y a une base de jeunes qui est très bonne. Il y a une vraie identité de joueurs issus de la préformation. Tu sens que cette génération est très marquée « FC Lorient » avec quatre, cinq, six joueurs habitués à des méthodes de travail. Ils ont le feeling « FCL » : intelligents, autonomes et ils prennent des décisions. Le recrutement a été très ciblé avec des joueurs qui rentrent dans ce cadre-là également. Ça se ressent. On avance bien.
En tant que coach, avoir des joueurs cadrés, est forcément un confort de travail…
Oui, tout à fait. Ils ont la marque « FCL » donc l’autonomie vient d’eux-mêmes. Ils sont tout de suite en recherche de perfection et d’objectifs précis. Tu n’es pas sur du recadrage. Tu peux déjà avoir avec eux des discussions tactiques. Ils mettent du sens à leur parcours. Ils ne subissent pas les entraînements. Ils s’intéressent et sont demandeurs. Avec des jeunes comme eux, tu avances plus vite.
C’est un gain de temps dans leur progression…
Oui, c’est un gain de temps pour nous car tu peux leur proposer un degré de difficulté supérieur. Ils peuvent progresser plus vite quand tu t’intéresses et que tu es acteur de ton parcours.
Tu as donc un groupe réceptif…
Oui, très à l’écoute. Ils sont très joueurs et joyeux. On est sur des sports annexes aussi pour développer une motricité autre que celle du footballeur. Ils sont très demandeurs même si en ce moment la fatigue se fait ressentir.Ils arrivent à l’entraînement avec le sourire et très investis. Pour un éducateur, la moitié du travail est déjà faite. Le désir de jouer est leur moteur principal C’est très important dans ces catégories d’age la.
Les résultats positifs découlent de cet état d’esprit…
Oui. On leur a dit que ce parcours de compétition leur appartenait. La compétition fait partie du parcours de formation. Mais elle est vraiment annexe. On n’en tient peu rigueur. Mais rien n’est managé et fait par rapport à cette compétition. Tout est fait par rapport à leur parcours collectif et personnel de formation.
Quelles sont tes prochaines échéances ?
Les vacances vont bientôt arriver. Depuis le 29 juillet, ils n’ont eu que trois ou quatre jours de vacances avant la rentrée. On sent un peu de fatigue et une certaine envie de rentrer en famille pour couper un peu. Et ainsi revenir plein d’énergie. Après les vacances, on partira sur un stage éducatif et sportif, dans l’idée du développement de l’autonomie. On va partir du côté de Montargis, un club avec qui on travaille On a loué des gîtes. Ils vont devoir faire à manger, faire le ménage, faire les courses…Il faut qu’ils sortent d’un certain assistanat. On va former des groupes avec des responsabilités partagées. Il y aura aussi une notion football mais pas que. Ce qui est intéressant c’est de voir comment ils vont s’organiser, quelles ressources ils vont aller chercher pour que pendant quatre jours la vie en collectivité se passe de la meilleure des façons.
Les mettre en situation de « Monsieur tout le monde »…
Tout à fait. De les confronter à une réalité. Qui va arriver très vite. Quand tu es dans le groupe CFA, tu es confronté à ça. Tu es sportif de haut niveau et tu dois gérer ton appartement, tes factures, le quotidien tout simplement. Ça fait partie du projet éducatif. Il faut que le jeune, arrivé à 17-18 ans, puisse réponde à des problèmes dans le jeu mais aussi dans la vie quotidienne. La meilleure des façons est de les mettre en situation. Nous avons la même démarche que pendant les entraînements où ils doivent répondre à des problématiques de jeu. Ensuite, d’un point de vue sportif, au mois de novembre, nous aurons des oppositions qui nous l’espérons nous proposerons d’autres problématiques de jeu.