A l’occasion de la rencontre RC Lens – FC Lorient de demain soir, nous avons souhaité prendre des nouvelles d’un ancien joueur passé par les deux clubs. A savoir Kevin Monnet-Paquet. Le milieu de terrain offensif, passé au FC Lorient de 2010 à 2014, revient sur ses années chez les Merlus, à Lens, à Saint-Etienne, à Chypre et évoque aussi ses occupations actuelles. Entretien.
Kevin, comment vas-tu ?
Tout va bien. J’ai fini la saison dernière à l’Aris Limassol à Chypre. Je suis revenu en France à l’issue de mon contrat pour voir si un nouveau projet allait se présenter à moi mais je n’ai pas reçu d’offres intéressantes. J’ai patienté un peu mais j’ai pris la décision d’arrêter. Je vis aujourd’hui sur Saint-Etienne avec ma femme et mes enfants.
Tu étais prêt à revenir jouer en France à quel niveau ?
J’ai eu des touches avec certaines équipes de Ligue 2 mais cela ne s’est pas concrétisé. Il aurait sans doute fallu que je reparte seul, sans la famille, mais l’idée n’était pas de la refaire bouger non plus. J’ai bien attendu de voir ce qu’il pouvait se passer mais je n’ai pas trouvé de terrain d’entente. J’ai préféré privilégier l’aspect familial. Je pense que j’aurais pu continuer pendant encore au moins une saison, en Ligue 2 ou en National, pour me faire plaisir. Mais j’ai plus pensé à la famille. Le fait d’avoir enchaîné aussi trois croisés en quatre ans ne m’a pas aidé. J’ai pioché un peu physiquement et mentalement ce n’était pas facile.
Avais-tu été en pourparlers avec Bourgoin Jallieu, ta ville d’origine, comme nous avons pu le lire ?
Oui, c’est vrai. Je connaissais bien Djemal Kolver, un des dirigeants du club. Il m’avait dit que je pouvais intégrer leur effectif vu que Bourgoin montait en National 2 afin de les aider à se maintenir. C’était la première fois de l’histoire du club. A la base, je privilégiais un projet professionnel malgré tout et si je ne trouvais rien d’intéressant, j’aurais pu envisager Bourgoin. Dans ma tête, je n’étais pas tout à fait prêt pour jouer en N2. C’était très sympa de leur part de penser à moi, l’occasion était belle pour boucler la boucle. Ça ne s’est pas fait, c’est la vie.
Penses-tu passer des diplômes pour entraîner ou as-tu d’autres projets professionnels en tête ?
J’ai pris un peu de temps avant d’arrêter. Aujourd’hui, j’ai un ou deux projets qui n’ont rien à voir avec le football. J’étudie la situation. Mais le foot c’est toute ma vie, je mène une réflexion là-dessus aussi. Ça m’intéresserait beaucoup. Il y a tellement de choses à faire, j’ai pas mal d’opportunités.
Tu as joué 155 matches (17 buts, 16 passes décisives) sous les couleurs lorientaises. Quels souvenirs conserves-tu de toutes ces années ?
C’était une étape dont j’avais besoin. Je finis champion de Ligue 2 avec Lens puis on termine 10ème de Ligue 1 en 2010. A ce moment-là, j’avais besoin de changer d’air. Mon transfert est intervenu le dernier jour du mercato quand Christian Gourcuff m’a appelé. Je me suis fait violence pour partir, il fallait prendre une décision. A Lorient, je savais que j’allais progresser. Le club était tranquille, j’ai pu prendre confiance dans mon jeu. Ce fut vraiment une période très importante de ma carrière. Je me suis toujours bien entendu avec le coach Gourcuff, les gens du club, tout le monde. J’ai quand même deux regrets, ce sont les deux demi-finales jouées face à Lyon en Coupe de la Ligue et celle en Coupe de France à Evian. Je les ai toujours en travers de la gorge. On avait de superbes équipes chez les Merlus avec des joueurs comme Jérémie Aliadière, Bruno Ecuele Manga, Vincent Aboubakar, Yann Jouffre, Raph’ Guerreiro, Kevin Gameiro, Morgan Amalfitano…J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer dans ces équipes. C’était très plaisant.
Les Merlus se rendent à Lens demain soir, ton club formateur. Peux-tu nous parler de tes années lensoises ?
Etant originaire de Bourgoin-Jallieu, j’aurais pu faire un essai à Lyon mais il avait été annulé. Un recruteur de Lens m’a donc proposé d’aller faire un test chez eux. J’avais 13 ans. Ça m’a fait bizarre de débarquer dans le Nord Pas de Calais à cet âge-là. L’essai se passe bien mais avec mes parents on se dit que partir à cet âge, c’était sans doute un peu trop tôt. J’ai quand même signé au RCL mais pour la saison suivante. La Gaillette, le centre d’entraînement de Lens, venait juste de sortir de terre. Je n’allais pas n’importe où. Le courant est vite bien passé avec les dirigeants et je joue avec les pros à 17 ans. J’ai encore beaucoup de contacts avec des gens de Lens. J’y ai passé huit ans.
Tu as également évolué à l’AS Saint-Etienne (206 matches) avec qui tu as joué l’Europa League. Était-ce des meilleures années ?
Les derbies face à l’OL, les Coupes d’Europe avec Galtier…Saint-Etienne, ce fut très intense. J’avais bien démarré mais au bout de deux mois, je suis pris en grippe par les supporters. J’ai quand même réussi à inverser la tendance. Au final, je suis parti en bons termes avec eux. C’est aussi là-bas que mes enfants sont nés. J’ai donc une relation particulière avec ce club et son environnement.
Tu as aussi découvert un championnat étranger, à Chypre, à l’Aris Limassol. Était-ce une belle expérience ?
La première année, j’y suis allé tout seul. Ma femme était enceinte et elle préférait accoucher en France. Je me suis blessé en mars. Je suis rentré en France me faire soigner. La saison suivante pour ma dernière année de contrat, tout le monde est venu, mes enfants allaient à l’école américaine. On s’est tous amélioré en anglais (rires). C’était une belle expérience. Même si je n’ai pas joué beaucoup la seconde année du fait de ma blessure, on a fini champion pour la première fois de l’histoire du club, et il a participé à l’Europa League cette saison…
Les pépins physiques ne t’ont pas épargné, notamment les fameux ligaments croisés…Avec du recul, les regrettes-tu ?
Oui, forcément puisqu’ils ont accéléré ma fin de carrière. Même si je l’ai terminée à 35 ans. Sans ses blessures, j’aurais sans doute joué 2-3 ans de plus. Quand je me blesse en 2019, j’étais au top de ma forme à Saint-Etienne avec Jean-Louis Gasset. On a fini 4ème, on envisageait la Ligue des Champions…Physiquement, je n’avais aucune alerte. C’est un peu paradoxal car je n’avais jamais connu de grosses blessures durant ma carrière et celle-ci est arrivée comme ça. J’ai toujours fait 30-35 matches par saison plus les matches de Coupe d’Europe. Je me fais opérer mais la greffe ne tient pas au bout d’une semaine de reprise. Le COVID arrive par-dessus et je ne peux pas faire de rééducation à proprement parler. Claude Puel arrive ensuite à Saint-Etienne et souhaite rajeunir l’effectif. Sachant que je sortais de deux croisés, je ne vais pas vous faire un dessin…Je décide de partir à Chypre et là-bas je me fais l’autre genou….J’en ai connu des joueurs blessés mais vivre ce type de périodes est une expérience. J’ai toujours fait l’effort de revenir ce qui me permet de finir sur un titre avec Limassol et non sur une blessure.
Pour quelles raisons es-tu retourné t’installer sur Saint-Etienne ?
C’est le club où je suis le plus resté, sept saisons. Un lien s’est créé avec les supporters, l’environnement du club, mes enfants sont nés là-bas. C’est un club qui a compté. Comme Lens et Lorient aussi d’ailleurs. Je n’ai jamais changé de club au bout d’une saison. Je me suis toujours imprégné de tous mes clubs. J’ai beaucoup d’estime pour ces trois équipes. Je suis parti en bons termes, j’ai toujours tout donné. C’est une fierté de ma part. J’étais un joueur régulier et fiable, les coaches m’ont toujours fait confiance. Cela veut dire que j’étais important pour tous ces clubs. J’ai aimé ma stabilité, ma carrière est faite ainsi. J’ai fait une carrière honnête et honorable en Ligue 1.