9 Oct 2025 | Actualités

Mélany Goutard, de l’expérience au service du collectif

Mélany Goutard a rejoint les rangs lorientais cet été en provenance de La Roche. Passée par la D2, l’ancienne judokate compte apporter toute son expérience à l’effectif des Merlus pour décrocher le maintien en fin de saison.

Tu as rejoint le FC Lorient cet été. Qu’est-ce qui t’a motivée à signer chez les Merlus ?
J’arrive sur la fin de ma carrière, à 32 ans, et je me suis dit que c’était peut-être le bon moment pour un dernier défi. J’avais envie de terminer sur une belle aventure, d’aider le club à s’installer durablement au niveau national et de transmettre ce que j’ai appris. En plus, la Bretagne est une région que j’aime particulièrement, j’y ai déjà joué, donc le projet m’a tout de suite parlé.

Qu’est-ce qui t’a séduit dans le discours des dirigeants lorientais ?
Leur honnêteté et leur transparence. Kylian m’avait déjà contactée il y a deux ans, mais à ce moment-là je voulais rester en D2. Cette fois, le moment était mieux choisi. J’avais besoin d’un projet pour me relancer après une saison compliquée : je m’étais cassé le pied et j’avais été arrêtée plusieurs mois. Lorient me donnait cette chance, et Kylian a compris ce que je pouvais encore apporter, même si je ne joue plus forcément 90 minutes à haute intensité. Il voulait de l’expérience dans le groupe, et l’échange s’est fait naturellement.

Tu as connu la D2 avec Nantes et Saint-Malo. Quel rôle veux-tu jouer auprès d’un groupe encore jeune à ce niveau ?
Un rôle de grande sœur, clairement. J’ai connu plusieurs clubs et divisions – la D2 à Saint-Malo et à Nantes, la D3 avec La Roche – donc je sais ce qu’impliquent les exigences du haut niveau. Dans l’effectif, seules trois ou quatre filles ont déjà évolué au niveau national. Nous essayons, avec Marine Macé, Élodie Salaun et Alizée Flagellat la gardienne, d’apporter notre expérience et nos repères. Ce début de saison n’est pas simple, mais rien n’est joué. Une saison, c’est long, et on sait que tout peut basculer à tout moment.

Le passage du niveau régional au niveau national reste un cap important. Qu’est-ce qui change le plus ?
L’intensité et les exigences. En D3 aujourd’hui, on est presque au niveau d’une D2 d’il y a cinq ans. Ça va plus vite, c’est plus physique, plus structuré. Si tu ne mets pas d’impact dès l’entraînement, tu le payes le week-end. C’est pour ça que j’essaie de transmettre cette rigueur aux filles. Mentalement aussi, il faut apprendre à gérer les scénarios de match, à ne pas lâcher, même quand c’est difficile.

Tu mènes aussi une vie bien remplie en dehors des terrains. Peux-tu nous en parler ?
Je travaille comme surveillante au collège Charles-de-Gaulle à Plœmeur, là où il y a la section sportive garçons et filles. Je m’occupe des internes le matin, je fais ma journée au collège, puis j’accompagne les jeunes à leurs entraînements. En parallèle, j’ai un petit contrat au club : j’encadre les filles le mercredi et le samedi. C’est beaucoup de temps et d’énergie, mais j’aime ça. Le club met d’ailleurs tout en œuvre pour qu’on puisse concilier nos vies professionnelles et sportives.

Tu as commencé le foot tardivement, à 20 ans. Peux-tu revenir sur ton parcours ?
Oui, c’est vrai que c’est assez particulier ! Avant le foot, j’ai fait du judo pendant quinze ans à haut niveau. Enfant, j’étais asthmatique, et mon médecin avait déconseillé le foot à ma mère. Le judo m’a finalement permis de soigner mon asthme, et quand je suis arrivée à Rennes pour mes études, je me suis dit : “Allez, lance-toi !”. J’ai commencé à Bréquigny, puis j’ai été repérée par Saint-Malo, où j’ai joué trois saisons. Ensuite, j’ai rejoint Nantes, puis La Roche, avant de venir à Lorient. Chaque club m’a appris quelque chose : à Saint-Malo, on frôlait déjà le semi-professionnalisme ; à Nantes, c’était plus structuré avec des joueuses salariées ; et à La Roche, c’était plus amateur, on travaillait toutes à côté. Aujourd’hui, Lorient est le club le plus organisé que j’aie connu, avec un staff complet et un vrai suivi des joueuses. On sent la volonté d’aller de l’avant.

Ton passé dans le judo t’a-t-il aidé dans ta carrière de footballeuse ?
Complètement. Le judo m’a appris à ne jamais abandonner, à encaisser les coups et à me relever. Dans les duels, je ne me pose pas de questions, j’y vais ! (rires) Même pour les chutes, j’ai les bons réflexes. Mentalement, c’est une école de la persévérance : au judo, tant que tu n’as pas ippon, le combat continue. C’est pareil au foot : tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti, tu peux encore renverser le match.

Comment décrirais-tu ton style de jeu ?
Je suis une joueuse de percussion, pas dans la finesse, mais dans l’impact. J’aime aller au duel, provoquer. J’aimais beaucoup Eugénie Le Sommer quand j’ai commencé, elle aussi vient du judo, elle est petite, rapide, combative. Aujourd’hui, avec l’âge, je vais un peu moins vite (sourire), mais je compense par l’expérience et la lecture du jeu.

Le début de saison est mitigé avec deux nuls et deux défaites. Quel bilan fais-tu ?
C’est un apprentissage. On découvre le niveau, on s’adapte. Certains matchs, comme celui de Molsheim, ont été manqués, mais d’autres, comme contre Roubaix ou La Roche, sont très encourageants. On sait qu’on a les qualités pour se maintenir. Il faut juste régler quelques détails, notamment dans l’efficacité offensive et défensive. Et puis, il faut rappeler qu’on a appris notre montée tardivement, le 29 août. On a fait toute la préparation dans l’incertitude, ce qui a forcément influé sur le recrutement et la préparation. Malgré ça, le groupe reste uni et ambitieux. On a toutes envie de progresser et de montrer que Lorient a sa place au niveau national.

Qu’attends-tu de cette saison ?
Prendre du plaisir et transmettre. J’ai conscience que je suis sur la fin, mais je veux encore donner, sur le terrain et dans le vestiaire. Si, à la fin, on se maintient et qu’on a fait grandir le groupe, alors ce sera une belle réussite.

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