Quentin Gauvain, préparateur physique de l’effectif professionnel au côté de Pierre Bazin, évoque les différentes phases de cette préparation estivale, les attentes qu’elle engendre et la vigilance accrue sur plusieurs points. Entretien.
Peux-tu nous expliquer les étapes de la préparation estivale ?
On a une préparation de sept semaines, six semaines plus celle avant Auxerre. On a débuté par les batteries de tests, par le screening. Tout cela en collaboration avec le staff médical. Ce sont des tests athlétiques et médicaux. L’idée est de dresser un état des lieux de la forme des joueurs. C’est le premier objectif de ces tests. Ensuite, il y a un aspect profilage pour que l’on puisse avoir une carte d’identité individuelle de chaque joueur en fonction de ses points forts et faibles. Pour, par la suite, pour individualiser, réguler les différents programmes en salle de musculation en fonction des besoins de chacun. Grâce à ces tests, nous aurons une baseline pour avoir des données normatives, notamment en cas de blessure, pour adapter le processus de réathlétisation. Tous ces tests ont été effectués entre lundi et mercredi de la semaine avant d’attaquer la séance terrain le jeudi. On attaque un premier cycle sur du volume, de la fréquence d’entraînement en doublant les séances quotidiennes. Ce premier cycle va jusqu’au deuxième match amical, donc jusqu’à Osasuna. On a accentué sur l’aérobie, la « caisse » des joueurs. Sur ces neuf premiers jours, on aura fait quatorze séances. On arrive à un moment charnière car la fatigue s’accumule, quelques douleurs, quelques bobos, ce qui est normal. C’est le but de cette période. C’est l’essence même de l’entraînement : pousser au maximum le corps pour qu’il puisse s’adapter. Ce que font les joueurs actuellement est très bien. Au fur et à mesure, on va diminuer le volume puis augmenter l’intensité et le rythme des séances avec notamment l’enchaînement des matches de préparation. L’objectif étant d’être prêt pour le jour J face à l’AJ Auxerre.
Les joueurs ont aussi passé le fameux test VMA. A quoi sert-il précisément ?
C’est toujours dans l’idée d’avoir l’état de forme du joueur. Cette année il y a eu une grosse période de coupure. Ils avaient tous un programme individuel à respecter durant les vacances avec trois semaines off et quatre de préparation avec des programmes adaptés. L’objectif était qu’ils reprennent le rythme et soient prêts pour la reprise afin de minimiser le risque de blessure. Ce test VAMEVAL est pour connaître la capacité aérobie du joueur à l’instant T, ce qui nous permet aussi d’individualiser le travail que l’on a fait au Ter.
Suivez-vous la préparation individuelle des joueurs ?
On leur avait présenté le grand cadre en fin de saison. On a quand même souhaité garder du lien avec eux et une certaine connexion car sept semaines c’est long. On leur envoyait toutes les semaines les séances à réaliser dans le détail. Ça nous permettait d’avoir un échange avec les joueurs chaque dimanche. On a avancé de cette façon avec eux. On a pu moduler aussi ces programmes en fonction des retours des joueurs.
A la reprise, vous voyez ceux qui ont été plus sérieux que d’autres ?
On peut le voir à travers la pesée ou la masse grasse puis au test VAMEVAL. Dans l’ensemble, ils ont été sérieux.
Sur quels aspects insistez-vous sur les séances terrain ?
On réalise un gros travail de volume. Samedi matin, on a fait une séance autour de jeux de conservation avec des espaces qui s’agrandissaient de plus en plus. Et l’après-midi, on a fait une séance de course à pied au Ter, des 2000 mètres. Les meilleurs ont quasiment fait quinze kilomètres sur la journée. Tout au long de la préparation, le fil rouge est d’avoir une méthode globale et un cadre systémique. Il y a le travail technique, tactique, physique et mental. On travaille tout en même temps. L’objectif étant de gagner du temps sur le projet de jeu du coach. Dès les premières séances, nous sommes sur du travail en structure afin de mettre en place nos principes de jeu.
Comment utilisez-vous les matches amicaux dans cette préparation ?
Il y aura un temps de jeu réparti au départ puis de monter progressivement sur ce temps de jeu pour faire de la « caisse » et se rapprocher des 90 minutes pour le onze type qui sera à Auxerre.
Par moment, les temps de périodes des rencontres sont modifiés. Qu’en sera-t-il cette saison ?
Normalement contre Guingamp, nous partirons sur un format de quatre fois trente minutes sinon pour le reste nous serons sur des formats très classiques.
Au niveau de la prévention des blessures, comment gérez-vous cela pour les éviter ?
On est très vigilant avec le staff médical, on a des réunions tous les jours pour le point sur ces petits bobos. On a des questionnaires de fatigue que les joueurs remplissent tous les matins. Au cas par cas, on peut alléger certaines parties sans les arrêter pour ne pas qu’ils perdent de temps. Ensuite, on fait du travail de prévention musculaire en salle que l’on a attaqué dès le premier jour. D’abord sur du travail global puis on va rentrer sur du travail spécifique, individuel en fonction des résultats des tests.
Adaptez-vous les séances en fonction des conditions climatiques ?
Oui et non. En août, nous aurons peut-être des grosses chaleurs pendant les matches donc il faut les préparer à cela pour que le corps s’adapte. On ne veut pas éviter les chaleurs même si on s’entraîne un peu plus tard l’après-midi. Il faut que l’on s’adapte et que le corps soit prêt à jouer. Nous sommes très vigilants sur l’hydratation bien évidemment, on met en place des pauses boisson, on a des boissons isotoniques…On les accompagne au mieux. Il faut les mettre en difficulté.
Vous suivez également l’alimentation…
Oui, tous les piliers de la récupération : sommeil, hydratation, alimentation. On a quasiment tous les repas au club. On les complémente sur l’hydratation avec des boissons de récupération ou des boissons isotoniques sur le terrain. On essaye de les cadrer le plus possible sur ces parties pour qu’ils puissent récupérer le plus vite possible et qu’ils soient le mieux sur le terrain.
Concernant le sommeil, y-a-t-il un suivi particulier ?
On intervient aussi sur ce domaine mais plutôt de manière individuelle. Aujourd’hui, nous sommes sur des très grosses charges d’entraînement donc si certains ont déjà des problèmes de sommeil, cela vient ajouter un facteur de risque en plus. Nous sommes vigilants là-dessus mais l’avantage que l’on a, c’est que nous avons une continuité dans l’effectif donc on connaît déjà nos joueurs. On gagne du temps là-dessus.
Avez-vous des données précises de toutes ces séances ?
On a des données objectives et subjectives. On a les GPS sur chaque séance avec le live qui nous permet de réguler à l’instant T. Ensuite, on a tous les indicateurs subjectifs comme les questionnaires de sommeil, de fatigue, de bien-être…C’est un suivi quotidien.
Cette science s’est développée ces dernières années, c’est très important…
On a les outils à disposition maintenant, ce qui n’était pas forcément le cas par le passé. Il ne faut pas tomber non plus dans de l’ultra-données. Ça reste un outil, il faut trouver un équilibre. On a un apport d’informations qui peut nous aider dans une prise de décision.