5 Déc 2016 | Actualités

Sylvain Ripoll : « C'était l'affaire de tous ! »

Sylvain Ripoll, l’entraîneur du FC Lorient, a vécu sa première année en tant que coach numéro un. Soulagé par le maintien du FCL, l’ancien capitaine lorientais revient sur une année éprouvante mais enrichissante et constructive. Entretien

Quel bilan tires-tu de cette saison, d’un point de vue personnel ?
J’en tire beaucoup d’enseignements. C’est une année qui a été difficile certes, mais tellement enrichissante. Dans le travail, ça a été très intense. J’ai pris du plaisir malgré tout. Le plus important, c’est l’issue de la saison. L’essentiel est préservé car le FC Lorient repart en Ligue 1.

Et d’un point de vue sportif ?
On a eu un départ intéressant. Mais ensuite nous avons connu une longue traversée du désert qui nous a mis dans la difficulté avec un groupe neuf. Beaucoup de joueurs découvraient la Ligue 1. Après il a fallu digérer les départs qu’il y avait eu dans l’effectif. On a ensuite repris le fil de notre saison et nous avons eu, par instance, de bonnes séquences mais pas assez nombreuses. On souhaitera aller plus loin à tous les niveaux la saison prochaine.

Après le coup de sifflet final face à Monaco, quel sentiment prédominait ?
Je dirais qu’il y a eu deux coups de sifflet finaux. D’abord, celui de Nantes, où là, c’était clairement du soulagement. On était enfin libéré de ce fardeau que pouvait représenter une descente. Après celui de Monaco, il y avait un peu de frustration de ne pas terminer sur un match que je souhaitais que l’on fasse. En même temps, l’adversaire nous était vraiment supérieur. On pouvait quand même mieux faire. L’issue de la saison et cet objectif de laisser le club en Ligue 1 sont plus importants.

Penses-tu que c’est le match à Marseille qui change la fin de saison ?
Sur la fin de saison, clairement, oui. Après, il y a eu d’autres tournants dans la saison. Mais on retient le plus frais et le plus récent. Sur la fin de saison, si on segmente, ce match de Marseille est important car il nous donne des forces à un moment où nous étions dans le doute. En même temps, nous nous sommes libérés. On s’est aussi dit que nous avions plus grand-chose à perdre sur ce match. Avec le contexte, ça a pris de l’ampleur. Mais il y a eu d’autres matches importants, notamment dans notre période difficile. Je pense à celui face au Paris SG au Moustoir. On ne gagne pas mais on montre des choses. On se dit que l’on n’est pas loin. C’est le début du redressement.

C’est ce match qui t’a conforté dans tes choix ?
Oui, et qui m’a montré qu’après la reconstruction d’automatismes, il fallait que l’on continue même si nous n’étions pas très loin du but espéré. Fort heureusement qu’en novembre et décembre, nos prestations étaient d’un autre calibre.

T’es-tu appuyé sur ce match à Paris pour redynamiser ton équipe ?
Oui, car je leur avais dit qu’il fallait continuer et que ça allait venir. Heureusement, les résultats positifs sont arrivés dans la foulée.

Face à Marseille, tu as décidé de modifier ton schéma tactique. Un choix qui s’est avéré payant…
C’est quelque chose qui me trottait dans la tête depuis trois ou quatre mois. En tout cas, que l’on puisse passer d’un système à un autre. On l’avait travaillé sur de toutes petites séquences les semaines précédentes. Mais pas de façons suffisamment précises pour se lancer. Dès le coup de sifflet final contre Toulouse, je décide de changer. Il fallait changer quelque chose pour mettre les joueurs dans de la sécurité. Effectivement, ça a été une des choses qui nous a permis de retrouver de la sérénité. Le domaine psychologique dont je parlais auparavant après le match de Toulouse où on ne pouvait pas tomber plus bas plus les petits changements ont créé des choses positives pour s’en sortir définitivement.

Quand tu parles de sécurité, c’est une assise défensive plus performante ?
Oui, pour redonner de la sécurité. Quand tu défends mieux, tu attaques mieux. Je pense que l’équipe en avait besoin. Ça correspondait peut-être mieux aux caractéristiques des joueurs en forme du moment.

On sentait un staff très soudé. Quel rôle a-t-il joué après de toi durant cette saison ?
Le staff a joué pleinement son rôle. Il est resté très uni dans la difficulté. On s’est tous accroché. Dans des saisons comme celle que l’on vient de traverser, avoir un staff avec une telle unité aide beaucoup. On est resté dans le travail, dans la persévérance, dans les efforts. Le staff a joué un grand rôle.

Quand tu as pris ce poste d’entraîneur, t’attendais-tu à vivre une saison délicate ?
Oui, sincèrement je m’étais conditionné à vivre une saison peu évidente. Je ne reviendrais pas sur le départ d’un coach emblématique et sur les départs de joueurs cadres. J’ai très vite compris que l’on partait dans une saison délicate. Après, on espère toujours qu’elle le soit un peu moins.

Es-tu plus armé, suite à une saison difficile, pour attaquer une seconde saison ?
Je ne pense pas qu’il y ait de recettes miracles. Plus armé, je ne sais pas. La suite donnera son verdict.

Ce poste d’entraîneur numéro un, tu l’imaginais comment ?
Un peu comme ça quelque part. Même si il faut être très honnête, j’ai découvert des facettes de la fonction. Parce que numéro 2, ce n’est pas numéro 1. Où j’ai pris le plus de plaisir c’est de sentir à certains moments, des gens heureux. Et c’est pour cette raison que je fais ça.

En plus d’une saison peu évidente, tu passais ton diplôme en parallèle. Etait-ce une difficulté supplémentaire ?
Oui, notamment dans la charge de travail. Je ne vous cache pas qu’il y avait des dimanches ou des débuts de semaine où je suis parti à Clairefontaine sans être tranquille par rapport à la situation de l’équipe. Après, cela m’a permis de faire de belles rencontres que ce soit dans l’encadrement où dans la liste des stagiaires.

On pense notamment à Guy Lacombe…
Oui, j’ai eu des relations privilégiées avec lui car c’est notamment mon formateur. Tout l’encadrement du DEPF est de qualité. Je pense aussi à Francis Smerecki, Laurent Guyot et aux différents intervenants. L’aide de Guy Lacombe m’a été précieuse parce que sa compétence et son expérience alliées à sa générosité ont fait qu’il m’a beaucoup aidé et de façon spontanée. J’ai beaucoup apprécié.

Si tu devais sortir deux évènements de cette saison, un bon et un moins bon, lesquels seraient-ce ?
Le moment très difficile est intervenu après la défaite face à Saint-Etienne au Moustoir. Le contenu de notre match ne pouvait pas nous rassurer mais plutôt nous enfoncer. Ensuite, forcément la rencontre face à Marseille, qui est très importante pour le maintien. Mais un des plus beaux moments, c’est quand j’ai senti les joueurs soulagés dans le vestiaire à Nantes, à Metz. C’était des moments importants.

Une saison se termine, une autre va débuter. Comment abordes-tu ce second exercice ?
On a d’abord tous besoin de se reposer et de se requinquer pendant les vacances. Je pense à l’ensemble du club. Tous les gens au club qui ont vécu ça avec beaucoup de passion, qui ont pris ça à cœur et qui ont beaucoup donné pour obtenir ce maintien. C’est une récompense collective car on a senti que c’était l’affaire de tous. Ensuite, on y retourne avec beaucoup d’envie. D’être meilleurs, de gommer ce que l’on a moins bien fait et aller vers ce que l’on a fait le mieux.

C’est ce que l’on peut te souhaiter ?
Oui, à tout le monde d’ailleurs.

Les vacances arrivent donc à point nommé ?
Oui, c’est logique. Il faut forcément ces moments-là. Après, on sait comment ça se passe. Pour le staff, on ne peut que rarement débrancher la prise. Il faut faire un travail sur soi-même pour bien se ressourcer.

Le groupe professionnel du FC Lorient reprendra l’entraînement le mercredi 24 juin à 16h00 à l’Espace FCL.

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